Apiculture en ruche conventionnelle

 

Vu d'un non initié, l’apiculture c’est naturel puisque les abeilles butinent des fleurs dans la nature et rentre fabriquer leur miel dans un chalet en bois, la ruche !

En y regardant de plus près, cette image bucolique perd un peu de sa magie: le type de ruche, la gestion de la colonie, la méthode de récolte, les abeilles utilisées...  n'ont qu'un seul objectif: produire un maximum de miel.

Ne disposant que d'un seul type de ruche disponible sur le marché depuis plus d'un siècle (la ruche Dadant), l’apiculteur amateur n’a pas beaucoup d’autres choix que d’utiliser cette ruche de professionnel. La petite ruche de l'abbé Warré, renvient de puis quelques années chez les apiculteurs proche de la nature.

L'agencement de ces ruches conventionnelles est optimisé pour le rendement, les cadres qui les cloisonnent sont calibrés au format des machines d'extraction.  Ils sont garnis de cire gaufrée (cellules pré-formatées en usine) afin de réduire le temps que les abeilles passent à leur construction. Elles sont invitées à se consacrer au maximum  au butinage dans le seul objectif: obtenir la plus grosse récolte possible.  

Cette ruche de production est aménagée d'un rez-de-chaussée, lieu d’habitation de la colonie, et d'étages (les  hausses), pour le stockage du miel. Dans la ruche Warré, la partie habitation est au dernier étage et les réserves en dessous. C’est au nombre de hausses empilées que l’on reconnait un apiculteur heureux ! Une ruche Dadant  produit en moyenne 15 kg de miel par an, chez les apiculteurs amateurs  (- de 10 ruches), mais de l'ordre de 40 Kg chez les pros (+ de 200 ruches).

 

Les abeilles utilisée pour ces ruches sont souvent des italiennes, réputées pour leur démarrage précoce au printemps et leur capacité à faire de grosse colonies ou des Buckfast®, race créée par l'homme par croisement, qui garantit une meilleure production de miel.

Au moment de la récolte, les hausses à miel sont retirées, en vue de l’extraction et remplacées par un élément "nourrisseur". Il contient un aliment sucré ( à base de sucre de betterave) qui sert d'alimentation à la colonie, car la  grosse partie des réserves de miel est déjà dans les pots.

L'extraction du miel est une opération mécanique: les hausses sont désoperculées puis insérés dans l’extracteur. Cette centrifugeuse fonctionne comme le tambour d'un lave linge en rotation à 450 tours/minutes.

Le miel est ensuite versé dans un maturateur. Cette cuve a pour objectif de faire remonter à la surface les impuretés et bulles d'air qui ont été incorporées par l'extracteur. Le saturateur  permet aussi l'ensemencement, une opération qui consiste à maitriser la cristallisation du miel.

Quand le printemps arrive, l'élément nourrisseur de la ruche est de nouveau rempli d'un aliment sucré. Ce nourrissement (mot spécifique à l'apiculture) de printemps a un effet "starter": La reine voyant les abeilles se gaver de nourriture, intensifie sa ponte, persuadée que la nature offre grande quantité de nectar à l'extérieur de la ruche. Cette astuce dite "nourrissement spéculatif" permet d'obtenir un bataillon d'abeilles prêtes à butiner dès les premières fleurs du printemps.

La reine a une durée de vie d'environ 4 ans mais, mais est souvent supprimée au bout de 2 années. Elle est remplacée par une jeune reine meilleure pondeuse, inséminée artificiellement, et issue de races sélectionnées. Pour éviter l'essaimage elle peu subir un clippage (mot spécifique à l'apiculture), qui consiste à couper une partie de ses ailes, l'empêchant ainsi s'envoler.

 Cette apiculture intensive est bien adaptée aux apiculteurs qui vivent de la vente de leur miel, ils ont une nécessité de production. Mais pour un amateur qui souhaite une ou deux ruches dans son jardin, cette pratique de l'apiculture est-elle bien judicieuse ?

 

D'heure en heure

L'apiculteur se meurt 

Il a eu son heure 

Il a fait son beurre 

Api apiculteur...

Alain Bashung  "L'apiculteur", album "Chatterton" 1994.